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En décembre dernier, le ministre de l’Intérieur réaffirmait la volonté du gouvernement de créer un véritable continuum de sécurité en France, supprimant les barrières entre les dispositifs publics nationaux et locaux, ainsi que les initiatives privées. Pour autant, la mise en place d’une doctrine de sécurité globale intérieure comme extérieure en France est un travail de longue haleine.

Des freins idéologiques à la définition d’une doctrine de sécurité globale

Après près d’un quart de siècle, le débat autour d’une doctrine de sécurité globale est de nouveau au cœur de l’actualité. Dans le rapport parlementaire Fauvergue-Thourot de septembre 2018, des propositions variées sont revenues sur le tapis, dont la professionnalisation des agents de sécurité privée pour assurer certaines missions non essentielles, ou encore l’armement des policiers municipaux.

Le problème est que de nombreux freins idéologiques perdurent, notamment l’externalisation des actions de sécurité intérieure et de défense, et cela, malgré l’essor des entreprises de sécurité privée.

Les Entreprises de Sécurité et de Défense (ESSD) tricolores ont été particulièrement pénalisées. L’évolution des menaces et leur complexité croissante ont en effet entraîné un recul du partenariat public privé au profit de la sécurité régalienne, tandis que les groupes américains dominent le secteur de la sécurité militaire privée. Ces mastodontes signent des contrats aux États-Unis et à l’étranger de dizaines de millions de dollars, quand le chiffre d’affaires cumulé des ESSD françaises atteint à peine les 3 millions par an.

Pour asseoir leur croissance, les sociétés de sécurité à Paris et dans le reste du pays misent sur l’innovation, la digitalisation, parfois avec le soutien de sociétés de conseils en stratégie et de la Banque d’Investissement Publique (BPI).

L’objectif est d’accompagner l’émergence de superstructures offrant une gamme complète de prestations afin de couvrir l’ensemble des besoins des entreprises depuis la détection proactive des menaces jusqu’à la protection physique et digitale. En effet, même si selon les experts, le principal danger sera concentré sur les données, les infrastructures et les réseaux, il se manifestera hors du cyberespace. En capitalisant sur le smart power et l’éthique de son écosystème, l’Hexagone dispose d’un avantage concurrentiel appréciable.

Restructuration de la fonction sûreté au sein des entreprises

À la suite des attentats de 2015 et 2016, le renseignement a pris une place centrale dans l’anticipation des menaces et l’organisation de l’intervention des forces de l’ordre. De leur côté, les entreprises se dotent de nouvelles compétences en matière de sûreté (investigation, analyse de données, intelligence économique, cybersécurité, gestion de crise) afin de participer activement à la coproduction de la sécurité. En parallèle, pour gagner en agilité au regard des enjeux, elles se construisent des lignes de défense via une structuration en s’inspirant de stratégies militaires. Et des organisations professionnelles telles Club des Directeurs de la Sécurité/Sûreté en Entreprise (CDSE) contribuent à augmenter la notoriété des entreprises tricolores.

Pour répondre aux préoccupations croissantes des dirigeants et des états concernant le risque relatif au secteur du numérique, celle-ci est une des composantes essentielles de politique de sécurité globale.L’Agence Nationale de Sécurité des Systèmes d’Information (ANSSI), en privilégiant l’accompagnement pour une meilleure gestion du risque cyber avant le contrôle et la répression, facilite l’acceptation du partenariat public-privé.

En conclusion

Outre le renforcement de la prise de conscience, le contexte actuel doit permettre à l’État français de mettre en place une doctrine de sécurité globale. Par la même occasion, le secteur de la défense et de la sécurité peut se doter des moyens d’identifier en amont les risques et les opportunités et occuper une place grandissante sur la scène internationale.