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Alors que le ministre de l’Intérieur a étendu les attributions et les pouvoirs des agents de sécurité privée, la Cour des comptes étrille la régulation du secteur. Pour pouvoir remplir les missions de plus en plus nombreuses que l’État confie à ces entreprises, c’est toute la profession qui doit être restructurée et assainie avant les JO 2024 de Paris.

Multiplication des missions déléguées par l’État

L’État délègue un nombre croissant de missions aux sociétés de sécurité privée comme ETS. Et depuis l’entrée en vigueur de la loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme en novembre 2017, leur champ d’intervention s’est encore élargi. Dans les périmètres de protection temporaire institués (événements sportifs ou culturels, gares, etc.), les agents de sécurité sont autorisés à procéder à des palpations et fouilles des sacs. D’après Claude Tarlet, président de l’Union des entreprises de sécurité privée (UPS), « de 50 environ à l’heure actuelle, le nombre de ces zones devrait augmenter à 200 ou 300 cette année ».

À l’occasion des 5es Assises de la sécurité privée, en février dernier, Gérard Collomb avait notamment mentionné « la protection de certains bâtiments sensibles ou le transport de scellés dangereux ». En parallèle, 1 000 à 2 000 vigiles au maximum, principalement des gardes du corps, pourraient être armés, sous des conditions très strictes grâce à une mesure appliqués depuis le 1er janvier 2018.

Croissance à l’arrêt malgré les nouvelles missions

La vague d’attentats de 2015, suivie de l’Euro 2016, a donné un coup d’accélérateur à l’activité des acteurs de la sécurité privé, et cela s’est traduit par une progression de 10 % du chiffre d’affaires entre 2014 et 2016. Mais aujourd’hui, contrairement aux idées reçues, le secteur reste fragile.

Avec 160 000 employés, il ne représente que 6,5 milliards d’euros de revenus. De plus, il est peu structuré : une poignée de grosses entreprises détiennent 80 % de parts du marché, tandis que 67 % de petites structures n’ont aucun salarié. Le travail est peu qualifié et les rémunérations sont faibles à cause de marges minimes, dues notamment aux exigences de l’État de limiter celles-ci à 1 %, alors qu’il est l’un des principaux donneurs d’ordre dans ce domaine. Plus largement, comme le souligne Pascal Pech, président du Syndicat national des entreprises de sécurité privée (Snes), « malgré l’évolution des prestations, les clients continuent à raisonner en achat d’heures ».

Plusieurs défis à relever avant les JO de 2024

Dans son dernier rapport annuel, la Cour des comptes soulève l’insuffisance de contrôle des cartes professionnelles délivrées par le Conseil national des activités privées de sécurité (CNAPS), qui fait office d’autorité de régulation depuis 2011.

Outre son indulgence, les magistrats pointent également du doigt des entorses à la déontologie, le manque de sanction, et la baisse des prix au détriment de la qualité de service. Ils réclament ainsi à une régulation plus sévère et au « renforcement du pilotage de l’État ».

En matière de formation, en plus des 31 heures de cours auxquels les agents de surveillance doivent se plier tous les cinq ans, ils devront maîtriser l’utilisation de nouvelles technologies telles que les drones ou encore la reconnaissance biométrique.

Car un gros challenge attend les professionnels de la sécurité privée à Paris en 2024 avec la tenue des JO, en évitant de reproduire le fiasco londonien de 2012, lorsque les entreprises du secteur avaient failli à leur objectif de déployer 23 500 agents.