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Depuis le 10 juin, la France accueille l’Euro 2016 de football et 10 millions de supporteurs venus de toute l’Europe. Ce sont aux villes hôtes d’organiser la sécurité autour des matchs, notamment dans les fans zones (lieux publics ou les matchs seront retransmis sur écran géant) et l’inquiétude grandit car les agents de sécurité commencent à manquer.

Les villes doivent recruter le personnel

Pour faire face aux risques d’attentats, le dispositif de sécurité autour de ces fans zones a été relevé à la hauteur de celui qui concerne l’accès au stade (palpations obligatoires, clôture du périmètre, installation de consignes pour les sacs). Ce sont les municipalités qui sont en charge du recrutement du personnel de sécurité nécessaire, car l’organisation de l’Euro relève de la sécurité privée.

Mais contrairement à l’UEFA, organisateur de la compétition, qui a anticipé ses besoins en sécurité autour et dans les stades, il y a plus d’un  an (9000 agents de sécurité recrutés environ), les villes hôtes sont prises de court car la mise en place des fans zones a pris beaucoup de retard et le recrutement d’agents de sécurité en conséquence également.  A Saint-Denis, le lieu de la fan zone devrait bientôt être connu tandis qu’à Toulouse, elle a dû être réduite des 2/3 à cause d’un problème de recrutement. A Paris, seulement 350 agents ont été prévus pour une fan zone qui pourra accueillir près de 100 000 spectateurs et partout ailleurs on tarde à finaliser les embauches.

Des agents de sécurité déjà réquisitionnés

Sur le qui-vive depuis les attentats qui ont frappé la France à deux reprises en 2015, le secteur de la sécurité privée s’inquiète de ne pouvoir répondre à l’ensemble de la demande des pouvoirs publics. En effet, avec la menace terroriste, une grande partie des effectifs de la profession (140 000 agents) est  déjà réquisitionnée pour d’autres missions auprès de leurs clients réguliers. Selon Alain Bauer, président du Conseil national des activités privées de sécurité (Cnaps) « Une grande partie des effectifs est engagée ailleurs. Nous pourrons fournir jusqu’à 30 000 agents de sécurité, mais nous ne connaissons toujours pas précisément les besoins. Et nous ne pourrons pas faire davantage : nous n’avons plus de vivier. »

Embaucher dans l’urgence accroît le risque d’infiltration terroriste

Pour éviter le couac des jeux olympiques de Londres en 2012 (le gouvernement britannique avait été contraint de mobiliser 3500 militaires supplémentaires pour faire face à la déficience d’une société de sécurité privée), le ministère de l’intérieur tente de mettre en place des solutions. Ainsi, la durée de formation initialement fixée à cent quarante heures, pour obtenir la carte professionnelle « surveillance de grands événements », a été réduite à cent heures. Par ailleurs, si le candidat satisfait à une enquête de moralité, il est autorisé à travailler dans le domaine de la sécurité pour une période de 5 ans. Si l’on additionne les 2040 français qui sont en cours de formation (chiffre du ministère de l’intérieur) aux 10500 demandeurs d’emplois, titulaires d’une carte professionnelles, contactés et recensés par Pôle emploi, les réserves d’effectifs dans la sécurité privée semblent très justes, sans compter que tous ces agents de sécurité ne seront pas forcément disponibles.

En recrutant dans l’urgence, on accroît forcément le risque d’infiltration terroriste. Conscient du danger, le ministère de l’Intérieur procédera au « criblage » des agents officiant pour l’Euro. Des vérifications et le recoupement avec les fichiers S des individus radicalisés sont en cours. C’est aussi la raison pour laquelle, les autorités ont repoussé la proposition du Cnaps de recourir à des sociétés de sécurité privée européennes (belges et espagnoles).